
Dépérissement des vergers de kiwi : mise en place des essais de décompaction
Dans le cadre de ses travaux de recherche-expérimentation sur les dépérissements en vergers de kiwi, le BIK a mis en place cette semaine les modalités de décompaction du sol : une grande quantité de compost a été répartie dans les vergers et une décompaction des sols sur 40cm a été effectuée afin de permettre au système racinaire de respirer.
Des conditions climatiques extrêmes
Depuis 2019 le constat d’une mortalité des plants de kiwi dans les vergers a été établi. Cette mortalité est liée à l’état général du sol, en interaction avec les pratiques agronomiques et le climat [1]. En effet, en vingt ans, les précipitations de plus de 40mm ont été multipliées par quatre dans certaines zones du Sud-Ouest, sur des périodes toujours plus courtes, entrainant un engorgement des sols. Ces phénomènes intenses ont lieu alors que les températures n’ont pas encore chuté : la plante n’est donc pas encore entrée en repos végétatif.
L’importance du sol pour le système racinaire de l’Actinidia
La littérature nous indique que les plantes avec un espace intercellulaire faible (< 5% entre cellules contigües) sont extrêmement sensibles aux conditions d’anaérobie [2]. En effet, la circulation du gaz dans les racines y est alors limitée. Il s’avère que le kiwi, lui, présente un espace moyen entre ses cellules de moins de 2% [3], ce qui en fait donc une des plantes les plus sensibles à l’engorgement du sol. Après quelques heures d’asphyxie, on constate une réduction de l’activité racinaire et de la conductance stomatique. Le flux d’eau entre la canopée et les racines est alors interrompu. En outre, si le stress lié à l’engorgement dure plus de quatre jours, l’apparition de nouvelles radicelles est empêchée, de même que la reprise d’une activité stomatique normale [4].
Toutefois, la canopée peut se développer correctement même si les racines ont souffert d’une détérioration sévère. Par conséquent, en cas de fortes chaleurs, la transpiration des feuilles peut rapidement dépasser la capacité d’absorption du système racinaire endommagé, ce qui entraîne alors un flétrissement irréversible, voire la mort du plant, bien que la quantité d’eau dans le sol soit élevée [5].
La mise en place des modalités de décompaction
Notre hypothèse de départ est celle de l’existence d’une corrélation positive entre l’état du sol et l’état sanitaire des plants de kiwi. C’est-à-dire que, lorsque la compaction et l’engorgement du sol sont plus sévères, le dépérissement serait plus important. L’objectif des travaux menés sera donc d’améliorer la qualité du sol avant le déclin complet du verger.
Cette semaine, nous avons apporté une grande quantité de compost de déchets verts sur nos parcelles d’essai et décompacté les sols en profondeur. Nous visons de cette manière à :
- Améliorer la structure des sols de nos vergers
- Évacuer les eaux excédentaires le plus rapidement et le plus efficacement possible
- Favoriser la colonisation par les racines et de leur permettre de capter l’oxygène disponible dans le sol.
Les travaux de recherche-expérimentation menés au BIK sont à suivre sur les années à venir. L’objectif est d’étudier l’évolution de l’état sanitaire des arbres et d’établir un lien avec les différents leviers d’action proposés, afin si possible de remédier au dépérissement constaté dans les vergers de kiwi français.
DATE DE PUBLICATION
01/12/2022
AUTEUR
L’équipe du BIK / Marianne AVIGNON
REFERENCES
[1] BARDI. « Early Kiwifruit Decline: A Soil-Borne Disease Syndrome or a Climate Change Effect on Plant–Soil Relations? », Frontiers in Agronomy. 2020, vol.2. p. 7.
[2] JACKSON et DREW. « CHAPTER 3 – Effects of Flooding on Growth and Metabolism of Herbaceous Plants » in Flooding and Plant Growth. 1984, p. 47‑128. En ligne : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780124241206500080 [consulté le 25 juillet 2022].
[3] SMITH et al. « Effect of oxygen supply and temperature at the root on the physiology of kiwifruit vines », New Phytologist. 1989, vol.113 no 4. p. 431‑437.
[4] SMITH et al. « Recovery of kiwifruit vines from transient waterlogging of the root system », New Phytologist. 1990, vol.115 no 2. p. 325‑333.
[5] SAVIAN et al. « Studies on the aetiology of kiwifruit decline: interaction between soil-borne pathogens and waterlogging », Plant and Soil. 2020. p. 16.
Projet financé par la Région Nouvelle-Aquitaine.
